Durant la longue fin de semaine, j’ai décidé d’aller trotter dans la province.  Comme j’étais seule en voiture, j’ai écouté la radio un bon bout de temps. Je suis tombée sur un reportage qui traitait du cours « d’éthique et culture religieuse », le nouveau cours de la réforme scolaire québécoise qui remplace le cours « d’enseignement religieux et moral ». Je ne sais pas si vous avez suivi cette histoire, mais c’est un cours qui a été très controversé dans le renouveau pédagogique. La cause est même entendue devant la cour suprême, car des parents veulent pouvoir retirer leur enfant du cours. 

Je suis une personne qui accorde une grande importance à l’éthique. J’ai du mal à comprendre ce qu’on peut reprocher à l’éthique étant donné qu’il s’agit d’un concept qui a pour objectif d’atteindre à la fois le mieux-être individuel, le mieux-être de notre prochain et le mieux-être collectif. Bien sûr, les dilemmes éthiques ne sont pas simples, mais la réflexion éthique l’entourant est très riche et permet de développer notre esprit critique tout en se décentrant de notre simple mieux-être.

J’étais tout de même intéressée à connaître les arguments des personnes contre ce cours; des arguments pertinents me permettant peut-être de connaître un autre côté de la médaille.

J’ai été estomaquée par la xénophobie de plusieurs, la méconnaissance et la contradiction d’autres.

Une mère de 28 ans ayant retiré sa fille du cours nous dit : « Des judaïsmes, des juifs… pis toutes ces affaires-là, il y en a pas tellement dans notre coin de toute (…) Lui parler de toutes ces religions-là, ça va toute la mêler (en parlant de sa fille). Déjà avec Jésus c’est compliqué, il faut pas toute la mêler… c’est du bourrage de crâne en quelque sorte (…) Je crois pas qu’elle va manquer quelque chose.  L’éthique… à quoi ça peut lui servir dans la vie? C’est comme les arts plastiques… ».

Les enfants apprennent combien de matières en même temps à l’école? Sept? Huit? En général, ça se passe bien? Je crois qu’il faut faire confiance aux enfants non? Cet argument est le même que dire qu’un enfant qui aurait eu accès à une éducation à la sexualité deviendrait un obsédé sexuel. Saviez-vous que les enfants ayant eu accès à une éducation à la sexualité de qualité repoussent le moment de leur première relation sexuelle? L’accès à l’information n'est pas synonyme de bourrage de crâne.

Cette mère poursuit en nous disant n’avoir jamais jeté un coup d’œil au programme du cours. Non seulement elle ne sait pas elle est contre quoi, mais elle ne connaît pas l’application concrète de l’éthique. Non seulement elle ne voit pas l’importance que sa fille apprenne à penser par elle-même, à développer sa tolérance à la différence, mais elle nous annonce aussi que le développement de la créativité pour une enfant, par les arts plastiques par exemple, est tout à fait superflu et inutile dans la vie…

Ce témoignage précédait celui d’une dame travaillant à l’Association des parents catholiques du Québec. « Les enfants n’appartiennent pas à l’État! Ils appartiennent à leurs parents! Il faut laisser la liberté de choix aux parents de choisir pour leur enfant .» Il est vrai que les parents doivent prendre soin de leurs enfants en leur transmettant leurs valeurs, une éducation, leur savoir, leur héritage culturel et familial, etc, mais un enfant n’appartient à personne. Dans cette perspective, un parent pourrait faire ce qu’il veut de son enfant, notamment, le violenter, l’exploiter ou le vendre, ce qui n’est pas le cas, notamment depuis que les enfants ont des droits (1982).

De plus, elle aborde la liberté de choix des parents, mais fait abstraction du choix de l’enfant. C’est assez paradoxal. Comment peut-on être pour la liberté de choix des uns et contre la liberté de choix des autres?

Sophie Morin, Sexologue-Consultante