C'est la consternation dans les forces armées canadiennes; le colonel d'une base militaire en Ontario vient d'être accusé du meurtre prémédité deux deux femmes et de deux agressions sexuelles. Aux nouvelles, on nous présente son voisin et ses collègues: "Jamais on n’aurait pu croire que cet homme pouvait faire une chose pareille; il était gentil...".

J'ai des questionnements à propos de deux choses:

1- Est-ce qu'il arrive qu'on dise des hommes violents ou des agresseurs "Ah ben on l'avait vraiment vue venir! C'était un vrai maniaque!"?... Pourquoi selon vous ne dit-on pas ce genre de choses? Parce que dans beaucoup de cas, les personnes qui ont des comportements violents sont manipulatrices. Que ce soit auprès de leur victime ou de leur entourage, ces personnes sont de vraies magiciennes et réussissent à nous mettre de la poudre aux yeux. De plus, comme la sexualité se passe souvent dans l'intimité, la violence sexuelle se passe elle aussi dans l'intimité, à l'abri des regards. On peut donc difficilement deviner en regardant une personne qu'elle a des comportements violents auprès de son ou sa partenaire, car nous la connaissons dans la sphère publique.

2- Aux nouvelles, les personnes qu'on nous présente pour parler du colonel en question sont des hommes... Aurait-on eu le même son de cloche de ses collègues féminines?
Avez-vous remarqué que l'homme ciblait les femmes dans ses agressions? Peut-on imaginer qu'étant donné que l'armée est un milieu particulièrement hostile pour les femmes, personne n'ait rien remarqué, car la violence psychologique et le harcèlement sexuel font partie du quotidien des femmes soldates? Les femmes qui travaillent dans des milieux masculins ne l'ont pas toujours faciles et pour "survivre", il faut presque apprendre à vivre avec le harcèlement sexuel comme étant des blagues, même si on tente de nous faire croire le contraire.

Ce cas nous rappelle une chose:
- Il est difficile pour les personnes victimes de briser le silence; "Tout le monde aime cette personne; je ne serai jamais crû(e), je vais perdre mon emploi...".

Dans cette situation, il y a eu des accusations pour deux femmes qui ont porté plainte pour agressions sexuelles, mais sont-elles seulement deux?

Sophie Morin, Sexologue-Consultante