Le 21 mars dernier, l'équipe de Six dans la cité a créé un débat social qui a été repris dans les jours suivants dans les médias.
Mise en contexte: un jeune auteur a décidé de faire la biographie d'André Brassard, metteur en scène très connu qui a été d'un grand apport pour le théâtre québécois. Par contre, l'homme est aussi connu pour avoir été été arrêté et condamné pour "détournement de mineur" pour avoir eu des relations sexuelles avec un adolescent de 14 ans. L'homme a purgé sa peine et il est possible que nous contemplions son oeuvre en faisant abstraction de son passé personnel.
Le bémol de la taille d'un rhinocéros qui se présente à nous, c'est que plus de 50% de la critique de la biographie des chroniqueurs de "Six dans la cité" a tourné autour de l'épisode de détournement de mineur du metteur en scène. L'extrait que nous lit Petrowski en pouffant de rire porte sur ce sujet; Homier-Roy ajoute que l'adolescent devait avoir "une vieille âme" (minimisation?). On nous cite les passages où Brassard dit ne pas être un pédophile, mais aimer les jeunes garçons (re-minimisation) et ça continue encore!!! Si vous souhaitez vous faire une tête par vous même, rendez-vous sur le site suivant à 35:00 pour avoir toute la chronique.
Le deuxième point qui vient s'ajouter à cette situation aberrante, c'est que j'ai entendu Homier-Roy et Petrowski sur les ondes de Christiane Charette quelques jours plus tard où Homier-Roy défendait haut et fort qu'il n'y avait eu aucun problème avec cette chronique. Il défendait son point en disant que ce n'est pas à eux de juger ce que Brassard avait fait! Je pourrais prendre en considération cet argument, mais le problème réside dans le fait qu'ils ONT jugé ce que Brassard a fait par leur attitude et les extraits cités. Personne ici ne peut me dire qu'il s'agissait d'un ton neutre pour parler du comportement de Brassard. Ils ont utilisé une légèreté déconcertante pour parler d'une agression sexuelle sur un mineur (dans la mesure où le consentement ne peut être donné par un enfant de cet âge, on parle d'une agression sexuelle) et une facilité à dire qu'on s'affole pour rien. En soi, il s'agit d'une prise de position. On ne parle pas ici d'un roman, mais d'une biographie.
Je suis d'accord qu'il n'est pas nécessaire que des chroniqueurs culturels dénoncent les comportements inacceptables d'un artiste; ils peuvent choisir de ne pas parler de sa vie privée. Par contre, si ceux-ci choisissent d'en parler, ils ne peuvent pas traiter avec légèreté un comportement comme celui du détournement de mineur d'un artiste qui minimise son geste en niant qu'il soit problématique! Un journaliste ne peut pas seulement potiner comme s'il s'agissait du geste de deux adultes consentants ou d'une histoire d'adultère! Un adulte a la responsabilité de protéger les enfants; et badiner en disant "Cet enfant avait peut-être une vieille âme" relève de la minimisation de la responsabilité qu'a un adulte de protéger un enfant en ne l'agressant pas sexuellement! Vous pouvez écouter l'extrait de l'entrevue de Christiane Charette ici.
Finalement, ce qui vient s'ajouter à toute cette mascarade, c'est que l'Ombudsman de Radio Canada a rendu une décision qui recommandait qu’on fasse une mise au point lors de la dernière émission de la saison, diffusée dimanche dernier, mais qu'aucune mise au point n'a été faite...
Par contre, je ne peux passer sous silence le fait que Nathalie Petrowski a su reconnaître son manque de jugement lors de son passage à Christiane Charette, ce qui est tout à son honneur.
En conclusion, ça me désole de voir le manque d'éthique professionnelle, mais surtout le manque de conscience sociale qu'a eue l'ensemble de l'équipe de "Six dans la cité", mais plus particulièrement de celui de René Homier-Roy. Commettre une erreur, ça peut arriver, mais il faut savoir la reconnaître et présenter des excuses. Je suis extrêmement déçue de voir qu'il a refusé de la faire, car j'avais beaucoup de respect pour ce chroniqueur avant cet épisode...
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