Des chercheurs mettent six singes dans une cage. Dans cette même cage, on retrouve une échelle avec, au bout, un régime de bananes. À un certain moment, un des singes décide de grimper l’échelle pour aller se chercher une banane. Au moment où le singe touche les bananes, les cinq autres singes au sol se font donner une décharge électrique. Puis le temps passe… Le singe ayant grimpé à l’échelle est remplacé par un nouveau singe. Au bout d’un moment, le nouveau singe voit les bananes et tente de grimper à l’échelle; tous les autres singes se jettent sur lui pour l’empêcher de grimper, car ils ne souhaitent pas se faire électrocuter. Ce singe ne saura pas pourquoi, mais il apprendra qu’il ne doit pas grimper à l’échelle. L’expérience se poursuit et tour à tour, les singes qui se sont fait électrocuter sont remplacés par un nouveau singe. À chaque fois, c’est pareil; le nouveau singe tentera de grimper à l’échelle et tous les autres singes (y compris ceux qui ne se sont pas fait électrocuter, mais qui ont tenté de grimper l’échelle) se lancent sur le singe pour l’empêcher de grimper. À la fin de l’expérience, aucun des cinq singes ne s’est fait électrocuter, mais ils empêchent tous le sixième de grimper à l’échelle. Pourquoi? Ils n’en ont aucune idée, mais c’est ce qu’ils ont appris.
Cette réalité est vraie dans plusieurs contextes, mais l’est davantage dans l’histoire des luttes sociales qui ont et sont encore menées aujourd’hui. Nous nous devons de connaître l’histoire de ces luttes et les luttes féministes font parties de l’héritage culturel québécois à connaître.
« Ma vie en trois actes », l’autobiographie de Janette Bertrand, pourrait bien vous éclairer sur cet aspect historique en plus d'être tout à fait divertissant. Dans la mesure où madame Bertrand a participé à déconstruire plusieurs tabous, notamment plusieurs tabous en lien avec la sexualité, elle a une grande place dans l’histoire du Québec, dans l’évolution des mœurs, mais aussi dans la remise en question du modèle conventionnel de la famille et de la place de l’homme et de la femme dans ces familles québécoises.
Dans son autobiographie, on comprend mieux le contexte social avant l’émergence des luttes féministes; celui des femmes et des hommes, mais aussi celui des canadiens-français et du « peuple » comme on l’appelait à l’époque. En même temps, on apprend que Janette Bertrand a failli mourir plusieurs fois, qu’elle est une grande dépendante affective et qu’elle a une relation de culpabilité en lien avec l’argent. « Ma vie en trois actes » nous apprend à mieux connaître l’auteure et la femme, mais aussi à présenter l’histoire des femmes à laquelle Janette Bertrand a grandement participé.
Ma seule tristesse à la fin de ce livre, c’est d’apprendre que Janette Bertrand, cette grande dame qui a tellement contribué à toutes sortes de causes sociales au Québec a été mise de côté par l’industrie médiatique qui ne souhaite plus faire appel à elle… Janette Bertrand est une grande pédagogue, une femme humaine, à l’écoute des autres qui possède une capacité extraordinaire à saisir une réalité et à la mettre en mots et en images à l’écran. Mettre Janette Bertrand de côté, c’est se priver d’une source de sensibilisation grand public extraordinairement efficace.
Enregistrer un commentaire