Madame Lise Payette a publié un texte en soutient à son ami Claude Jutras hier dans le devoir et a ajouté une réplique ce matin, que voici:


Longtemps, des personnes homosexuelles ont été criminalisées. On considérait l'homosexualité comme un trouble de santé mentale. Encore aujourd'hui, c'est un pêché dans bien des Églises. Très longtemps ont été associés "homosexualité" et "pédophilie". Est-ce que que socialement, on s'attendrait à ce que les hommes agressent des femmes et que ce soient les femmes qui agressent les hommes? Qu'un homme qui agresse un garçon est nécessairement un homosexuel? L'homosexualité est l'attirance d'une personne pour les personnes du même sexe. Son égale. Un enfant n'est pas l'égal d'un adulte, qu'il soit fille ou garçon. Faire des parallèles entre homosexualité et pédophilie est un sophisme: ce n'est pas parce qu'une table et un chat ont quatre pattes qu'ils sont frères et soeur. 

Être tourmenté, peu importe l'orientation sexuelle, est assez courant dans notre société. Est-ce qu'être tourmenté retire la notion de responsabilité quant aux actions d'une personne? Pas du tout. Un adulte a la capacité d'aller chercher de l'aide s'il est tourmenté. Choisir de passer à l'acte plutôt que de choisir d'aller chercher de l'aide pour ne pas commettre l'irréparable est un choix. On peut être triste et empathique pour une personne qui souffre. Le défi se trouve plus souvent dans la capacité à se connecter humainement à une personne qui vit dans le déni. Une personne qui fait le choix de s'aveugler volontairement. À répétition. Pour détruire à petit feu la vie d'un enfant. C'est beaucoup demander à une société québécoises "folle de ses enfants". 

On n'aide pas une personne qui souffre si on refuse de voir sa souffrance. De la voir réellement. D'être capable de dire à cette personne qu'on voit qu'elle souffre, qu'elle a besoin d'aide et qu'on va continuer de l'aimer dans son processus de rétablissement. Les trois sections de cet énoncé se doivent d'être présents si on veut réellement aider une personne. Faire comme si la partie sombre d'une personne n'existait pas, soit disant par amour, ce n'est pas prendre soin d'une personne. C'est la laisser dans sa souffrance, dans sa solitude, car personne n'est capable de la voir dans son entièreté, avec ses failles, et de continuer de l'aimer. Ne pas nommer la nécessité d'aller chercher de l'aide n'aide pas non plus, car on continue de nier qu'une partie de la personne qu'on aime est problématique. Et souvent, c'est notre difficulté de dire "ce n'est pas toi que je n'aime pas, ce sont certains de tes agissements" qui nous amène à nier ou à vouloir couper tous les liens. À vouloir retirer le nom des rues... À vouloir retirer le nom des trophées...

Il a y des failles qui ont besoin d'être colmatées. On ne peut pas faire comme s'il n'y avait pas 2 pieds d'eau dans le sous-sol, condamner la porte et se contenter d'habiter au rez-de-chaussée. Dans le cas de Claude Jutras, il ne semble pas y avoir eu de processus de réparation de sa part. Ça rend difficile pour la société de rester connectée sur la partie lumineuse de l'homme si la partie sombre est niée, rationalisée et banalisée par ses proches encore aujourd'hui. Pour l'instant, la porte du sous-sol a été ouverte et l'attention restera là tant que qu'une compagnie de sinistre n'aura pas évalué l'ampleur des dégâts. De l'eau dans le sous-sol, comme des agressions sexuelles à répétition, ça cause beaucoup de dégâts. Ses proches devront être patients avant que la lumière puisse être associée encore à son nom.