L’été bat son plein, la saison des festivals est à son comble et les journalistes culturels sillonnent ces événements pour nous en rendre compte. C’est ce que faisait Valérie-Micaela Bain en direct sur l’île Notre-Dame hier, lorsqu’un festivalier s’est approché d’elle pour tenter de l’embrasser. Pour plusieurs, cette scène est banale, pour beaucoup d’autres, elle est inacceptable. Ce qui a toutefois attiré mon attention à la lecture des commentaires sous cette histoire d’agression, c’est le nombre de personnes félicitant cette journaliste, soulignant son professionnalisme et son sang-froid. Est-ce l’attitude dont on s’attend d’une personne qui vit une agression? On s’attend à ce qu’elle ne soit pas ébranlée? Qu’elle reste focus sur son travail quelques secondes après que ce soit arrivé?
On présume souvent qu’une personne qui a affiché clairement sa limite est une personne en sécurité, qui va bien. C’est notre point de vue extérieur. Mais que savons-nous en fait de ce qui se passe de l’autre côté de cette frontière? Que se passe-t-il en ce moment pour Valérie-Micaela Bain? Nous n’en savons rien. Nous n’avons aucune idée de comment les personnes qui vivent une agression vont… Jusqu’à ce que nous prenions le temps de leur demander. Pas de leur demander de décrire ce qui s’est passé. Pas leur demander de rassurer notre peur et notre insécurité; leur demander comment elles vont. De rester suffisamment longtemps en contact avec elles pour leur permettre de prendre le temps qu’elles se reconnectent elles-mêmes après cette agression. Peut-être qu’aujourd’hui ça va, que demain aussi et que la semaine prochaine aussi. C’est possible que ce soit le mois prochain, l’an prochain ou dans dix ans que la poussière aura suffisamment retombé pour prendre conscience des impacts.
Je souhaiterais vous inviter à être prudent.e.s si vous observez une personne qui vit une agression, qu’elle soit sexuelle ou non. Qu’une personne fige, fuit ou combatte lorsqu’elle vit une agression, ça ne prédit pas les conséquences qu’elle vivra. Ça ne témoigne pas non plus de son niveau d’implication ou de sa responsabilité dans l’agression. Tous ces commentaires sous les photos et la vidéo qui est devenue virale parlent plus souvent de notre rapport avec les autres : de notre façon dont on perçoit ce qui est acceptable ou non dans les relations, de notre capacité à voir les frontières des autres, de notre capacité à établir des frontières avec les autres et de notre façon de prendre soin de nous et des autres lorsque des frontières ont été franchies. Mais posez-vous la question; avez-vous réellement pris le temps d’écouter la personne qui vous a dit qu’une limite avait été franchie? Écouter ses mots, son récit, son ressenti, son expérience sans tenter de comparer avec des choses que vous avez vécues? C’est cette écoute bienveillante où la personne aura l’espace de nommer ce qu’elle a vécu qui sera réparatrice. Évitez de mettre un fardeau aux personnes qui ont vécu des agressions en les félicitant ou en les blâmant de leur réaction et prenez le temps de voir comment elles vont maintenant.
Je vous souhaite, Valérie-Micaela, d’être entourée de personnes qui sauront vous accueillir avec tout ce qui vous habite et vous habitera par rapport à cette situation. Vous avez été solide et combative; vous pourriez aussi être fragile et dans un besoin de support et ça ne diminuerait en rien votre valeur.
On présume souvent qu’une personne qui a affiché clairement sa limite est une personne en sécurité, qui va bien. C’est notre point de vue extérieur. Mais que savons-nous en fait de ce qui se passe de l’autre côté de cette frontière? Que se passe-t-il en ce moment pour Valérie-Micaela Bain? Nous n’en savons rien. Nous n’avons aucune idée de comment les personnes qui vivent une agression vont… Jusqu’à ce que nous prenions le temps de leur demander. Pas de leur demander de décrire ce qui s’est passé. Pas leur demander de rassurer notre peur et notre insécurité; leur demander comment elles vont. De rester suffisamment longtemps en contact avec elles pour leur permettre de prendre le temps qu’elles se reconnectent elles-mêmes après cette agression. Peut-être qu’aujourd’hui ça va, que demain aussi et que la semaine prochaine aussi. C’est possible que ce soit le mois prochain, l’an prochain ou dans dix ans que la poussière aura suffisamment retombé pour prendre conscience des impacts.
Je souhaiterais vous inviter à être prudent.e.s si vous observez une personne qui vit une agression, qu’elle soit sexuelle ou non. Qu’une personne fige, fuit ou combatte lorsqu’elle vit une agression, ça ne prédit pas les conséquences qu’elle vivra. Ça ne témoigne pas non plus de son niveau d’implication ou de sa responsabilité dans l’agression. Tous ces commentaires sous les photos et la vidéo qui est devenue virale parlent plus souvent de notre rapport avec les autres : de notre façon dont on perçoit ce qui est acceptable ou non dans les relations, de notre capacité à voir les frontières des autres, de notre capacité à établir des frontières avec les autres et de notre façon de prendre soin de nous et des autres lorsque des frontières ont été franchies. Mais posez-vous la question; avez-vous réellement pris le temps d’écouter la personne qui vous a dit qu’une limite avait été franchie? Écouter ses mots, son récit, son ressenti, son expérience sans tenter de comparer avec des choses que vous avez vécues? C’est cette écoute bienveillante où la personne aura l’espace de nommer ce qu’elle a vécu qui sera réparatrice. Évitez de mettre un fardeau aux personnes qui ont vécu des agressions en les félicitant ou en les blâmant de leur réaction et prenez le temps de voir comment elles vont maintenant.
Je vous souhaite, Valérie-Micaela, d’être entourée de personnes qui sauront vous accueillir avec tout ce qui vous habite et vous habitera par rapport à cette situation. Vous avez été solide et combative; vous pourriez aussi être fragile et dans un besoin de support et ça ne diminuerait en rien votre valeur.
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