Un des deuils que vous aurez peut-être à faire au cours de votre vie est d’accepter que vous soyez un être imparfait. En tant qu’être imparfait, vous trébucherez, vous ferez des erreurs et vous blesserez des gens. Peut-être parce que vous souhaiterez réellement blesser l’autre. Peut-être aussi que ces blessures arriveront par manque d’écoute de l’autre. Au bout de la ligne, que cette blessure ait été intentionnelle ou pas, si cette relation est importante pour vous, le mieux sera de reconnaître votre erreur, de présenter des excuses et de voir comment vous pourrez consolider le lien dans la relation qui a été fragilisé.

L’erreur
Une des choses que j’observe souvent dans mon bureau lorsque des blessures émotionnelles et relationnelles ont lieu, c’est la difficulté de reconnaître son erreur. Ce défi arrive surtout lorsque la personne n’avait pas l’intention de blesser l’autre. « Ben là! Si j’ai essayé de t’approcher pour faire l’amour, c’est parce que j’ai du désir et que tu es excitante! Je ne voulais pas te forcer. Tu ne m’as rien dit, je ne pouvais pas savoir ». Dans les relations, nous ne sommes pas dans un tribunal; il n’y a pas un coupable et une victime. Il y a deux êtres humains dans une relation qui ont chacun leur part de responsabilité dans la relation.

Dans l’exemple, la personne tente de se déresponsabiliser en nommant que c’est à l’autre de dire si elle a envie des caresses sexuelles ou non. C’est vrai. Cette personne a une part de responsabilité. En même temps, est-ce que la personne qui initie les contacts sexuels est à l’écoute de son ou sa partenaire? Comment a-t-elle observé et vérifié si l’autre avait envie de ces contacts? La part de responsabilité de la personne qui initie des contacts sexuels est d’observer et d’être à l’écoute de l’autre. Avez-vous vérifié si l’autre avait l’air disposée à ces rapprochements? Avez-vous vérifié avec votre partenaire comment vous pouviez participer à ce que l’autre puisse être disposé à ces rapprochements? Non? Elle est là l’erreur; vous avez manqué d’écoute pour votre partenaire.

L’excuse
Habituellement, lorsque l’erreur a adéquatement été identifiée, l’étape des excuses se fait plus facilement. Une des erreurs les plus fréquentes que j’observe est la suivante : « Je suis désolée que tu te sois senti.e mal quand je t’ai approché ». Vous n’êtes pas responsable des émotions des autres. En fait, les émotions des autres ne vous appartiennent pas. Vous n’avez pas à vous blâmer ou vous féliciter des émotions des autres. Les émotions vécues par les autres peuvent être causées par des raisons mixtes; son histoire de vie, ce qu’elle a vécu d’autre dans sa journée, etc. Vous excuser pour ces émotions, c’est un peu croire que le problème dans la situation, ce sont les émotions de l’autre. Les émotions ne sont pas un problème. C’est un signal. S’excuser pour les émotions de l’autre contribue davantage au problème qu’il ne va le régler. Des excuses adéquates est de reconnaître qu’est-ce que vous avez fait, activement ou passivement, qui a été irritant pour l’autre : « Je suis désolée. J’ai fait des approches sexuelles sans observer si tu étais réceptive. J’ai été intrusif ».

La réparation
La réparation, c’est de prendre conscience que les excuses sont une partie de la solution, mais ce n’est pas le terminus. Si la relation a été fragilisée parce que vous avez manqué d’écoute, comment pouvez-vous réparer cette situation? Comment pouvez-vous démontrer à l’autre que vous souhaitez faire des efforts pour mieux être à l’écoute? Des fleurs, du chocolat ou une sortie au spa peuvent être sympathiques. Elle n’adresse toutefois pas la situation en cause; votre écoute. Prenez le temps de réfléchir à comment vous pouvez changer des choses à ce sujet. Pour éviter de refaire constamment les mêmes erreurs. Car une erreur qui revient constamment, ce n’est plus une erreur; c’est un choix. Souhaitez-vous choisir de rester intrusif et agressant?

Article originalement paru dans le Journal le Canada Français