« Fais attention, il y a des monsieurs pas fins qui se promènent dans le quartier. Ne parle pas aux inconnus! ». Parler de pédophilie avec ses enfants est un sujet délicat. Il est pertinent d'être prudent dans notre façon d'aborder la question avec nos enfants. Voici quelques suggestions pour guider les échanges avec eux.

D’une part, il n'est pas souhaitable de transmettre aux enfants la peur des inconnus. Les inconnu.e.s, ça peut aussi être la personne qui va aider si l’enfant se perd, s’il a peur, s’il a besoin de retrouver ses parents. Ce ne sont pas tous les inconnus qui sont des dangers. Le risque n’est donc pas de parler aux étrangers; c’est que l’enfant se rende dans un endroit sans que le parent ou l'adulte qui s'occupe de lui soit au courant. C’est vrai si la personne en question est connue ou inconnue. Parler avec un adulte dans le parc ou sur la rue, ce n'est pas un problème. C'est de suivre cette personne sans qu'un adulte soit au courant qui est un risque.

Bons ou mauvais?
On ne peut pas demander aux enfants de faire la distinction entre les "bons inconnus" et "les mauvais inconnus". Il sera plus aidant de décrire ce que vous attendez d’eux : « Si tu t’arrêtes ou que tu vas ailleurs qu’à la maison, je souhaite que tu m’avises avant, peu importe avec qui tu es. C’est moi ton parent, c’est moi qui suis responsable de toi. Je dois savoir où tu te trouves pour ta sécurité. » Cette règle devient universelle pour toutes les situations et ne nécessite pas d’entretenir la peur des pédophiles. Cette attitude devient un facteur de protection, car elle s’intègrera plus facilement si elle appliquée dans toutes les situations. Cette règle renforce aussi le sentiment de sécurité de l’enfant, car les adultes qui s’occupent de lui se préoccupent de sa sécurité.

Si vous jugez que votre enfant est trop petit pour évaluer une situation de dangerosité et pour prendre les mesures appropriées pour s’occuper de sa sécurité, il est préférable de ne pas le laisser seul dans un endroit qui comporte des risques. Trop souvent, c'est pour se décharger de leurs responsabilités que certains parents permettent aux enfants certaines latitudes; on ne peut remettre aux enfants la responsabilité de notre déresponsabilisation.

Comme parent, vous pouvez être inquiet.ète et il peut être sain de nommer aux enfants cette inquiétude. La ligne à ne pas franchir est d’éviter de leur faire porter la responsabilité de s'occuper de votre inquiétude. C'est un beau moment pour ouvrir l'échange, leur demander ce qu'ils ont entendu sur le sujet, comment ils vivent cette situation, ce qu'ils en comprennent et comment vous pouvez les aider.

Prévention
Voici quelques mesures qui peuvent être mises en place lorsqu’il y a un rôdeur dans le quartier : aller porter et chercher les enfants à l'école directement, discuter avec les autres parents pour faire du covoiturage, inscrire l'enfant au service de garde si vous ne souhaitez pas qu'ils se baladent seuls dans les rues, organiser, en collaboration avec les familles du quartier, des groupes de marche pour que les enfants se déplacent ensembles, discuter avec les enfants des moyens qui peuvent être mis en place s'ils ne se sentent pas en sécurité, réfléchir à la possibilité de devenir "Parent-Secours", de l'afficher, de le publiciser et d'encourager d'autres familles à faire de même pour augmenter le sentiment de sécurité dans le quartier. Je vous recommande aussi le livre de Jocelyne Robert : "Te laisse pas faire!". Ce livre aborde l'agression sexuelle, s’adresse en partie aux parents et certains segments sont lus avec les enfants. Bonne suite!