S’il y a un tabou que je vois souvent dans mon bureau, c’est celui de la violence. Ce mot fait peur, fait mal et fait honte. En théorie, les gens sont contre la violence. Mais lorsque vient le temps de la définir, beaucoup sont prêts à la défendre, la justifier, la minimiser… surtout si cette violence fait référence à des comportements, des propos et des paroles qu’ils ou elles ont tenus.

Allié de la violence
La violence et la transgression de frontières sont des alliés. Moins une personne se connait, plus elle risque de subir et de produire de la violence, car elle connait mal ses limites. Il devient alors difficile de reconnaître que ses frontières ont été dépassées et si elles le sont depuis longtemps. Plus une personne se connait, plus elle sera en mesure de sentir que les limites de sa tolérance sont sur le point d’être dépassées, de prendre les dispositions nécessaires pour prendre soin d’elle et se protéger lorsqu’elle sentira qu’une autre personne est intrusive.

Tout le monde n’a pas le même rapport avec la violence. Selon leurs personnalités, les personnes qui connaissent mal leurs limites peuvent subir la violence des autres alors que d’autres deviendront violent.e.s pour tenter de protéger leur espace. Parallèlement, les personnes qui connaissent leurs frontières développent plus d’outils pour communiquer leurs limites aux autres et prendre soin d’elles quand la pression monte.

La violence dure
Comment se fait-il que la violence perdure dans une relation lorsqu’une personne connaît ses limites et les nomme à l’autre? Peut-être êtes-vous en relation avec une personne qui se connait mal et qui devient violente lorsque ses frontières sont transgressées. Dans ce premier cas, vous avez probablement un rôle à jouer dans cette dynamique, car la violence émerge lorsque vous transgressez des frontières. Rappelez-vous qu’une frontière sert aussi à protéger; si vous la dépassez, la personne de l’autre côté est probablement vulnérable et vous activez son sentiment de danger. Dans ces situations, il est important de rester à une saine distance pour garder le contact pacifique. Vous pouvez vous questionner sur ce qui fait que vous ne voyez pas ou que vous ne voulez pas voir les frontières des autres et que vous les transgressez.

Une autre possibilité, c’est que vous êtes en relation avec une personne qui ne veut pas voir vos frontières; si vous en mettez, elle donne un coup de pied dedans pour tenter de les faire disparaître. Ce type de relation est dangereuse pour vous. Surtout si vous tentez de maintenir une saine distance pour garder le contact pacifique et que l’autre ne cherche qu’à s’approcher pour abattre ces limites. Rappelez-vous que vous êtes important.e et que la sécurité psychique, affective et physique dans une relation est primordiale; abattre les limites de l’autre ce n’est pas de l’amour; c’est de la violence. Et ça devient une dynamique de violence lorsque l’autre tente de détruire systématiquement chaque balise que vous mettez en place.

Reconnaître?
Avoir la capacité de reconnaître la violence en soi nécessite de différencier qui l’on est de ce que l’on fait. Sans cette distinction primordiale, la personne se verra comme une mauvaise personne et pourra lutter contre cette image en niant sa violence. Pourtant, une personne n’est pas ses comportements; elle n’est pas bonne la journée ou elle fait du bénévolat et mauvaise la journée ou elle touche son-sa partenaire sans son consentement. Une personne est un tout complexe avec des côtés lumineux et des côtés sombres. Et chaque personne a le pouvoir de choisir quelle partie d’elle elle souhaite alimenter dans sa relation avec les autres. Mais vous ne pourrez jamais faire ce choix pour l’autre.