Pour les personnes qui ne le savaient pas, je suis féministe. Et oui! Je crois fondamentalement en l'égalité entre les hommes et les femmes. Je crois aussi "qu'égalité" n'est pas synonyme de "sosie" ou "copie conforme". Les hommes et les femmes sont différents et c'est très bien ainsi! Mais cette différence ne profère pas à l'un ou l'autre des sexes d'avoir davantage de privilèges. Je milite pour ça, car la société dans laquelle on vie, quoi que plusieurs personnes en pensent, accorde davantage de privilèges aux hommes qu'aux femmes, même si les lois l'interdisent. On vie dans une société où l'égalité juridique est atteinte, mais dans les faits et dans la réalité, comme le rappelait si bien Françoise David lors du combat des chefs, ce n'est pas le cas.

Dans ma famille, nous sommes féministes de mères en filles: mon arrière grand-mère était féministe, ma grand-mère et ma mère aussi. Mon arrière grand-mère faisait manger tous ses enfants en même temps; il n'était pas question que les gars mangent en premier et que les filles attendent. Ma grand-mère a décidé d'aller refaire son CEGEP après que ses propres enfants y soient allés. Elles confrontent encore aujourd'hui les mononcles qui font des blagues sexistes. Ma mère, elle, a acheté, à ma soeur et à moi, des camions et des outils lorsque nous étions enfants et militait au sein de son couple pour conduire le même nombre de kilomètres que mon père! D'ailleurs, c'est davantage mon père qui faisait le ménage :-)

Bref, pour moi, il n'y a pas de tâches qui appartiennent aux hommes et d'autres aux femmes; j'ai été élevée comme ça. Par contre, je constate que ce n'est pas le cas pour tout le monde et c'est pour cette raison que je milite pour le féminisme; pour l'égalité entre tous et toutes.

Mais je crois que pour amener les gens à constater que le monde dans lequel on vie n'est pas si égalitaire que ça pour ensuite les amener à poser des gestes individuels et sociétaux pour que cette égalité soit atteinte, il faut être capable de discuter, d'écouter l'autre, et parfois, reconnaître que cet autre a raison. Si on confond "changer les mentalités" et "censurer les opinions divergentes", on aura une partie des résultats qui sera la même, soit, ne plus entendre de commentaires sexistes (par exemple). Mais si c'est parce qu'on a censuré des commentaires, ce sera uniquement parce que ces commentaires ne viendront plus à nos oreilles; pas qu'ils n'existent plus ou que les gens pensent autrement. À quoi ça sert alors, pouvez-vous me dire, de censurer si ça ne change pas le monde dans lequel on vie? Ou à tout le moins, de cacher le monde dans lequel on vie?

En ce qui me concerne, je préfère entendre ces commentaires et discuter de façon enflammée que de faire comme si ces commentaires n'existaient pas. Je suis donc une féministe enflammée, mais pas une féministe frustrée... Sauf des jours comme aujourd'hui... Je suis frustrée aujourd'hui, parce que j'ai été censurée. Censurée par un groupe de militantes féministes. On m'a censuré, car je ne disais pas 100% comme elles et je trouve ça complètement ridicule. Non seulement on m'a censuré, mais on m'a supprimé la possibilité de commenter sur leur page facebook!

C'est vraiment dommage, parce que j'avais beaucoup de respect pour le travail qu'elles faisaient. Mais je comprends mal comment on peut se dire féministe si on travaille avec des œillères... Comment on peut se dire militantes si on jette les commentaires avec lesquels nous ne sommes pas d'accord? 

Si un organisme féministe jette et méprise mes commentaires, moi qui se qualifie de féministe, comment croit-il qu'il réussira à changer les mentalités des personnes qui ne se qualifient même pas de féministes? Peut-on amener des personnes qu'on méprise à changer? Non. Certainement pas...

Si on brise le dialogue, on ne changera rien du tout. On ne fait que frustrer les gens et les camper dans leur position... Donc à la limite, on nuit plus la cause qu'on ne la fait cheminer...