Avez-vous déjà songé parler de désir avec vos enfants, y compris à vos touts petits? Comme adulte, lorsqu’on parle de désir, on a tendance à l’associer à la sexualité. Mais le désir fait partie de nos vies et il est loin d’être uniquement associé à l’érotisme.

Le désir, c’est cet élan qui amène un tout petit à prendre le jouet dans les mains de l’ami à côté de lui : il désirait le jouet. Le désir, c’est ce qui amène un enfant à demander s’il peut avoir un bonbon lorsqu’il vous accompagne à la caisse pour payer votre essence; il désire une sucrerie. Le désir, c’est lorsque la princesse voit le prince arriver et qu’elle nomme « je suis tombée amoureuse ».

Je prends le temps d’aborder cette question importante, car j’observe très régulièrement une confusion entre le désir et l’amour et cette confusion commence à s’installer dès la tendre enfance.

Reprenons l’exemple des histoires de princesses, de princes et de coup de foudre. À tout coup, ou presque, on nous présente le prince et la princesse qui tombèrent amoureux au premier regard. Ces scènes ne sont pas des scènes d’amour. Ce sont des scènes de désir. Les personnages se sont vus, ils ont été attirés un vers l’autre. À ce moment même, ils ne se connaissent pas. Ils n’ont aucune idée de qui est cette personne attractive. Les personnages peuvent être attirés par des caractéristiques physiques, la personnalité l’aura, le statut social, etc. Cette envie d’être proche de l’autre, de la toucher, de la connaître, de la faire rire, de passer du temps avec elle (beaucoup de temps avec elle); cette description est celle du désir. C’est formidable le désir! C’est cette capacité de rêvasser, d’imaginer des scénarios agréables de ce qu’on souhaite faire, être, construire. Mais le désir n’est pas de l’amour. Le désir parle de qui JE suis; de ce que j’aime et de ce que JE projette sur une autre personne, sur une chose, sur un pays, sur un travail, etc. Bref, c’est l’image idéalisée que je me fais d’une personne, d’un lieu ou d’une chose.

L’amour, c’est le sentiment qui émerge concernant une personne, une chose ou un lieu que je connais. J’aime quelque chose ou quelqu’un qui existe. Je suis capable de décrire pourquoi j’aime ces caractéristiques parce que je les connais. Quand j’aime, j’aime CETTE PERSONNE-LÀ. L’amour concerne l’autre personne alors que le désir parle de moi.

Donc non, on ne tombe pas amoureux ou amoureuse d’une personne inconnue. On la voit et un désir émerge. Avec le temps passé avec cette personne, peut-être que ce désir se transformera en sentiment amoureux. Mais pour le savoir, il faut prendre le temps de connaître cette personne-là, cette chose ou ce lieu.

Confondre le désir et l’amour fera naître de la frustration, car les personnes croiront que leurs désirs devraient devenir réels. Elles perdent de vue que c’était un souhait et non un droit. Cette perte de contact avec la réalité peut s’envenimer si la personne s’acharne à ce que ce désir devienne réel et se mette à utiliser des formes de violence.

Il est donc important d’aborder les distinctions entre l’amour et le désir dès l’enfance pour recadrer certaines situations qui surviennent dans leur quotidien. Désirer, c’est sain et ça fait déjà partie de leur vie. Mais avant de parler d’amour, il est important d’apprendre à connaître la personne. C’est ainsi qu’on verra si on a envie de continuer à être proche de cette personne ou non. Distinguer le désir de l’amour permettra aussi de proposer une vision plus réaliste des relations humaines et ne construira pas une vision erronée de la façon d’établir des relations saines avec une personne.

Texte originalement paru dans le Canada Français.