Oui, oui. Vous avez bien lu; il s’agit bel et bien d’une proposition de célébrer les organes génitaux externes femelles durant 2 jours les 9 et 10 juin 2018. D’où vient cette idée? Le projet a été lancé par Mel Goyer, une jeune femme dynamique et passionnée qui a décidé, en 2016, de mettre plusieurs plates-formes web en place afin de pouvoir parler un peu plus des organes génitaux féminins. Depuis 2016, son projet initial, « le vagin connaisseur », a pris de l’ampleur; la vague #MoiAussi a eu lieu et Mel a eu envie de créer un événement qui permettrait de parler de la sexualité féminine autrement que par la lunette des violences que les femmes subissent dans leur sexualité. Elle a sollicité des personnes de divers horizon pour parler de sexualité féminine de façon positive et inspirante et est née la programmation du Festivulve qui s’échelonnera sur 2 jours.

Depuis l’annonce de l’événement, plusieurs moqueries ont circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels. Certains ont rebaptisé l’événement pour le décrédibiliser, d’autres se sont à moitié outrés, prétextant que si le Festivulve existait, le « Carnaval de la graine » devrait être lancé. Mais ce que j’observe, ce que cet événement ne laisse pas les gens indifférents. Serait-ce parce que, justement, on parle très peu de sexualité féminine finalement? On la met en scène depuis la nuit des temps, principalement du point de vue des hommes hétérosexuels. Mais la sexualité féminine vue par les femmes, pour les femmes? Cette sexualité centrée sur le plaisir des femmes. Le plaisir érotique, oui, mais d’autres formes de plaisir sensuel? Regarder ce sexe et s’en émerveiller, en faire un sujet de projets artistiques, théâtraux, apprendre à réellement le connaître, y compris chez les personnes qui ne sont pas nées femmes et qui le sont devenues, ou pour ceux qui sont nées femmes, qui ont toujours une vulve, mais qui sont devenues homme. C’est le défi que souhaitait relever Mel Goyer.

Malgré la vocation à la fois éducative, ludique et populaire, beaucoup de commentaires dénigrants se disent au sujet de cet événement. Mais pourquoi? Parce que ça fait peur? Les femmes qui s’approprient leur corps font peur? On les préfère fragiles et vulnérables et une femme qui assume aller dans un événement qui porte le nom de Festivulve en repartant avec un moulage en plâtre de sa vulve sous le bras est jugée suspecte? C’est aussi ce qu’on disait des femmes qu’on appelait « sorcières »; elles étaient trop autonomes, avaient trop d’autodétermination et étaient trop autosuffisantes. Il était jugé préférable de les pendre que de prendre le risque qu’elles prennent le contrôle de leur vie et convainquent d’autres femmes d’en faire de même. Peut-être qu’en 2018, il serait possible de faire cheminer les perceptions qu’on a au sujet des femmes et de leur sexualité?

Peut-être que pour certain.e.s d’entrevous, repousser vos limites sera d’aller jeter un œil à cette programmation sur le site web de l’événement, dans le confort de votre foyer. Pour d’autres, ce sera de vous présenter à l’événement pour rencontrer les festivalier.ères, participer aux activités de formations, aux événements ludiques et artistiques. Je souhaite que pour vous tous, la tenue de cet événement vous amène à amorcer une réflexion personnelle sur votre perception du sexe féminin à l’extérieur de la pénétration vaginale.

Quand : Les 9 et 10 juin 2018
Ou : Loft hôtel, 334 Terrasse Saint-Denis, Montréal
Pour plus d’informations : festivulve.com

*** Texte originalement publié dans le journal Le Canada Français