Ah HA! C'est là que je vous prends! Vous avez lu mon titre en vous disant "Ah ouin??? Mon dieu, je ne suis pas dans la moyenne!" Vous vous souvenez ce que j'ai dit à propos de "Vous êtes les experts de votre sexualité?"


Et bien ceci est une fausse statistique!

C'est ça le problème avec les statistiques! On les prend pour "l'attitude à avoir" et on se compare en se glorifiant si on est au dessus ou en se tapant sur la tête si n en en dessous. Surtout lorsqu'on parle de statistiques en lien avec la sexualité.

Voici une mise en situation: Jeanne est une femme qui est très inquiète et soucieuse de répondre aux standards sociaux et s'efforce le mieux du monde de rester dans le "pic" de la courbe normale! Son amie Sylvie lui a fait part de ce résultat de sondage qu'elle a vu "dans l'Internet! C'est une sexologue qui disait ça!" et Jeanne se met à angoisser. Que fera Jeanne?

a) Jeanne développe du vaginisme (contraction involontaire du vagin qui rend impossible la pénétration de tout objet, même d'un Q-tip, dans le vagin), car elle ne souhaite pas avoir un si grand nombre de relations sexuelles dans une semaine. Jeanne angoisse davantage, se dit qu'elle a un problème et court consulter un(e) sexologue clinicien(ne).

b) Jeanne décide d'augmenter le nombre de relations sexuelles par semaine avec son conjoint, mais son désir, lui, n'a pas augmenté. Comme Jeanne n'est pas ou peu excité lors des relations sexuelles, son vagin est très peu lubrifié et elle se développe de la dyspareunie (douleur lors des relations sexuelles). Jeanne angoisse davantage, se dit qu'elle a un problème et court consulter un(e) sexologue clinicien(ne).

c) Jeanne n'a pas envie d'augmenter le nombre de relations sexuelles; six, c'est beaucoup trop! Jeanne angoisse davantage, se dit qu'elle a un problème et court consulter un(e) sexologue clinicien(ne).

Bien sûr, c'est un peu rigolo parce qu'il s'agit d'une mise en situation, mais beaucoup de personnes se sentent comme Jeanne.

On peut constater plusieurs choses d'ailleurs dans par cette mise en situation:


  • Parce qu'un sondage le dit, on se sent obligé de suivre la tendance, même si cette soi-disant tendance nous cause plus de tort que de bien! Il est plutôt ironique d'aller voir un(e) sexologue parce qu'un sondage nous a créé des problèmes, mais que nous n'en avions aucun avant! Avoir des relations sexuelles "parce qu'il le faut" et non pas "parce que j'en ai envie" est questionnant!
  • L'information sur le web vient de partout: de sources sérieuses et pertinentes et de n'importe quel "joe blo" qui dit n'importe quoi! Il ne faut pas avoir peur de vérifier plusieurs sources avant de se faire une idée!
  • La majorité des gens ont l'impression qu'une "relation sexuelle" comporte automatiquement une pénétration, et lorsqu'on parle d'une relation hétérosexuelle, une pénétration du pénis dans le vagin, ce qui n'est pas le cas!
Peut-être que Jeanne pourrait discuter avec son ou sa partenaire si elle s'inquiète de la satisfaction face aux nombres de relations sexuelles par semaine qu'ils/elles ont? Peut-être que ce questionnement devrait se situer d'abord au niveau de la qualité des relations sexuelles avant de se questionner sur la quantité de relations sexuelles?

Bref, n'oubliez pas que vous êtes l'expert de votre sexualité! Ne vous laissez pas imposer des normes qui ne correspondent pas à vos besoins, vos envies, vos sensations; écoutez votre corps, vos émotions et vos alertes qui vous indiquent ce que vous aimez ou non!

Sophie Morin, Sexologue-Consultante