Ce post est en réponse à Jocelyne Robert, sexologue, qui a écrit un post sur son blogue nous invitant à visionner l'émission "Bazzo.tv" à laquelle elle était invitée pour débattre de la question "Est-ce que les Québécoises sont castrantes".


Madame Robert,
Une chance que vous y étiez à cette émission! La présentation du sujet par Marie-France Bazzo, qui dépeint les femmes comme entièrement libérées, a donné le ton à la chronique. En tant que travailleuse dans un organisme communautaire qui collabore avec un grand nombre d’organismes travaillant auprès des femmes, je peux vous assurer que cette description est loin de décrire la majorité des femmes québécoises. On souhaiterait le croire, mais c’est faux.
Je suis absolument en accord avec votre position sur le fait qu'on considère les femmes castrantes comme la suite du fait que les hommes ne peuvent plus séduire par leur supériorité.
N'avaient-ils que ça de séduisant les hommes, leur supériorité, avant de se sentir castrés? Si tout ce que les hommes avaient c'était d'être "plus" que les femmes (plus scolarisés, plus riches, etc.) et que maintenant, certaines femmes sont aussi scolarisées, riches ou cultivées que les hommes, ceux-ci se disent castrés? L’égalité castre? 
Il me semble que si les hommes se définissaient uniquement par leur caractère d’être « plus », on a un problème de société! Il faudrait qu’ils apprennent à se trouver des qualités; « être plus » n’est pas une qualité! La « crise » que certains hommes vivent (tous les hommes ne la vivent pas) est, dans ce contexte inévitable. Il est impératif que les hommes apprennent à se définir par autre chose que par leur supériorité sur les femmes pour être en mesure de les séduire!
Un tel discours est antiégalitariste, car on se morfond sur le sort des pauvres hommes qui n'ont pas eu le temps de s'adapter! Il semblerait que les hommes qui portent ce discours considéreront toujours qu'ils n'ont pas eu assez de temps, car le temps n'a rien à y voir.
Si je regarde météo média et que je prends connaissance qu'il va neiger ce week-end, j’ai le choix de planifier une sortie en ski et de construire un bonhomme de neige ou de chialer contre la maudite neige qui me fait chier et qui m'empoisonne la vie.
Les hommes qui réussissent à séduire les femmes et qui se portent bien sont ceux qui ont du plaisir à voir la neige et qui adaptent leurs activités à celles-ci. Les hommes frustrés qui se disent castrés sont ceux qui se font gâcher la vie par la neige.
La neige, ici, ce ne sont pas les femmes; c’est le changement social et l’aboutissement des luttes pour une société plus égalitaire. On peut haïr la neige, mais il neigera quand même.
En conclusion, je suis d’accord que la séduction entre les hommes et les femmes est plus chaotique dans les dernières décennies à cause de tous ces changements sociaux, mais je crois qu’il faut arrêter de mettre ça sur le dos des femmes. Les hommes doivent apprendre à faire appel à leur créativité et à ouvrir leurs horizons; autant en intégrant que les femmes peuvent faire les premiers pas dans la séduction qu’en comprenant que celles-ci ne sont pas toutes séduites par le pouvoir. Les femmes, elles, auraient peut-être à apprendre à mettre leurs limites avec plus de tact et de diplomatie lorsqu’elles se font séduire par une personne qui ne les intéresse pas.
On a du chemin à faire, dans un sens comme dans l’autre.
Sophie Morin, Sexologue-Conultante