Une étude canadienne vient de nous confirmer ce que les experts, les juristes québécois et la réalité américaine nous avais déjà dit en 2007: l'augmentation de l'âge légal pour consentir à des relations sexuelles de 14 à 16 ans.... ça ne sert foutument à rien!

Mise en contexte:
Il est important de différencier deux concepts. Celui de l'exploitation sexuelle et celui de la majorité sexuelle (aptitude à consentir)

Exploitation sexuelle
Le concept de l'exploitation sexuelle dans le cas d'un adulte envers un enfant (enfant = moins de 18 ans) implique que l'adulte est conscient de l'inégalité de la relation entre lui et l'enfant et profite de cette inégalité (de sa supériorité) pour exploiter et tirer profit de la relation avec l'enfant.

Majorité sexuelle
Concept qui fixe  l'âge à partir duquel une personne est capable de fournir un consentement pour avoir des relations sexuelles. Depuis 2008 au Canada, une personne de moins de 16 ans est considérée comme n'ayant pas la maturité nécessaire, et ce, en aucun cas (ou presque) à consentir à avoir des relations sexuelles. 
Voici les cas d'exception: le ou la partenaire de la personne de moins de 16 ans ne doit pas avoir plus de 5 ans de différence.
15 ans et 20 ans = ok
14 ans et 19 ans = ok

Par contre, 14 et 20 ans = automatiquement une infraction d'ordre sexuel, l'inscription de la personne plus vieille au registre des délinquants sexuels. Aucune exception, aucune mise en contexte: c'est au-to-ma-ti-que-ment et toujours interdit.

Est-ce que, personnellement et professionnellement, je trouve questionnant qu'une personne de plus de 20 ans puisse être intéressée et excitée sexuellement par une personne de moins de 15 ans? Oui. Est-ce que je crois qu'une loi l'interdisant réglerait la question? Non. Est-ce que je considère qu'il existe des cas d'exception qui risquerait d'écoper lourdement de cette loi? Oui, tout à fait et la réalité de plusieurs états américains ayant appliqués cette loi avant nous l'a prouvé.

Cette loi ne protège pas davantage les enfants contre l'exploitation sexuelle; il existe déjà depuis longtemps des lois qui interdisent l'exploitation sexuelle. Une personne adulte qui souhaiterait abuser d'un enfant (sexuellement et mentalement) serait déjà passible d'une peine d'emprisonnement. Cette loi encadre les relations consensuelles où les deux partenaires souhaitaient avoir un rapprochement, mais où l'état choisit de s'interposer en décidant qu'une personne de 14 ou 15 ans n'est pas apte à consentir.

Cette loi permet aux parents qui sont en désaccord avec les choix amoureux de leur enfant de faire intervenir la loi en leur interdisant de poursuivre cette relation et en condamnant un jeune adulte. Aux États-Unis, plusieurs jeunes hommes ayant été condamnés au criminel et s'étant retrouvés dans le registre des prédateurs sexuels pour avoir fréquenté une fille de moins de 16 ans se sont suicidés, car les répercussions étaient trop lourdes. Dans la majorité des cas, c'était un procès intenté par les parents, non pas pour protéger leur enfant, mais pour garder le contrôle sur la vie de leur fille.

L'augmentation de la majorité sexuelle de 14 à 16 ans était totalement injustifiée. La majorité des experts étaient contre. Cette loi est passée en douce et du jour au lendemain, on était informé que c'était passé. La semaine dernière, cette étude nous confirmait que les personnes de 14 et 15 ans n'étaient pas davantage protégées par cette nouvelle loi. Comme avant la modification de la loi, ce sont les personnes de 12 et 13 ans qui sont vulnérables et qui nécessitent la présence d'un encadrement légal, comme ça l'était avec l'ancienne loi.

Il faut arrêter de croire que ce type de réglementation concernant la sexualité des ados les protégera; elle ne fait que les rendre plus vulnérables aux violences et à l'exploitation, car s'ils en sont victimes, ils auront l'impression d'avoir enfreint une règle et auront moins tendance à aller chercher de l'aide.

On le savait déjà. 

On a maintenant une étude qui le prouve.

À quand le retrait de cette loi débile?

Sophie Morin, Sexologue-Cosultante